On nous demande souvent à quoi ressemble une négociation NAO vue de l’intérieur.
Lisez ces lignes, et vous le saurez !

La négociation NAO est un moment important du début d’année que tous les salariés attendent, car c’est ce qui donnera la tendance de leur augmentation de salaire de l’année. Mais la façon dont elle se déroule et le rôle des syndicats est souvent mal connu.

Le « cadrage Groupe », c’est quoi ?

On parle souvent de « cadrage » du budget NAO... Le cadrage, c’est la limite haute du budget d’augmentation que la maison mère Safran impose aux Sociétés du Groupe. Charge aux équipes de la Direction des ressources humaines qui négocient de ne pas dépasser ces montants.

Quelles marges de manœuvre pour négocier le budget de NAO ?

Seule une mobilisation forte des salariés dans l’ensemble du Groupe pouvant impacter fortement les résultats (les livraisons de moteurs par exemple !) peut instaurer un rapport de force visant à « casser » ce cadrage.
Avec ce cadrage Groupe, la marge de manœuvre lors de la négociation chez SafranHE est très faible. La négociation du budget global des NAO est en fait un simulacre de négociation, répété chaque année, comme une pièce de théâtre entre la Direction et les organisations syndicales. On pourrait aussi appeler ça une discussion de marchand de tapis, sauf que dans notre cas, la DRH connait le résultat à l’avance : c’est le cadrage !

A quoi ça sert alors les NAO ?

Ce qui est vraiment négociable, avec de réelles marges de manœuvre, ce sont :

• La façon de répartir le budget NAO entre les salariés
• Tous les « à-côtés » qui peuvent parfois mettre du beurre dans les épinards

Et ces deux points peuvent avoir des conséquences importantes sur les augmentations de chacun, c’est pour cela que la CFDT met tous ses efforts de négociation sur ces éléments.

La répartition du budget NAO : la vrai négociation... entre syndicats !

Il y a en fait beaucoup de façons de répartir ce budget NAO, et la Direction accepte souvent de satisfaire les demandes des syndicats, du moment que cela reste dans l’enveloppe du cadrage et qu’il y a un accord entre les syndicats.
Pour la CFDT, les priorités sont :

• Garantir des augmentations minimales en € pour les salariés ayant les plus bas salaires : c’est ce qu’on appelle le « talon », instauré à l’initiative de la CFDT dans nos accords d’entreprise,
• Limiter les augmentations indécentes en les plafonnant, pour financer les talons d’augmentation : c’est le « plafond » que la CFDT propose d’instaurer cette année.
• Récompenser l’implication des salariés dans leur métier via la filière expertise, les passages cadre, les promotions, ...

Les « à-côtés » du cadrage c’est quoi ?

Ce sont souvent des mesures non négligeables qui bénéficient à des salariés dans des situations particulières :

• Salariés employant un salarié à domicile pour des activités de services à la personne (CESU Préfinancé)
• Salariés venant au travail avec des moyens de transport durable (Forfait Mobilité Durable, Trajets de covoiturage, ...)
• Salariés bénéficiant des indemnités kilométriques, repas, astreintes, ...

La seule motivation de la Direction pour proposer de telles mesures est la satisfaction générale des salariés, dans le but d’améliorer l’attractivité de l’entreprise ce qui permet à la fois de fidéliser les salariés, et d’attirer des profils de qualité.
Le rôle des syndicats est donc de faire remonter les attentes des salariés et de convaincre la Direction de la réalité de ces attentes, et de leur intérêt pour l’attractivité de l’entreprise.

C’est quoi la décote ? ou la prime à la signature ?

Là encore, la décote fait partie du « folklore » des NAO. C’est une forme de chantage à la signature. C’est en réalité une punition à la non signature, qui est souvent comprise entre -0.3% et -0.5% du budget d’augmentations : si une majorité de syndicats ne signe pas l’accord, le montant global des NAO est abaissé d’autant, et beaucoup d’« à-côtés » sont souvent supprimés dans le même temps.

Mais à quoi ça sert de signer ou de ne pas signer les accords NAO ?

Pour la Direction, ça permet de montrer, tant aux dirigeants de Safran qu’auprès du public, que nous sommes une entreprise où le dialogue social fonctionne et où le climat social est apaisé. Là encore, il s’agit de l’image de l'entreprise.
Pour les syndicats, cela permet juste de ne pas subir la « décote » et la perte de nombreux « à-côtés ». On pourrait penser que ne pas signer un accord NAO peut instaurer un rapport de force favorable les années suivantes, mais le seul rapport de force qui puisse avoir un effet est celui qui altèrerait la performance de l’entreprise : par exemple les livraisons des moteurs !

Alors, on signe ou on ne signe pas ?

À la CFDT, ce sont les adhérents qui décident de la signature ou non des accords NAO, via des informations et consultations régulières dans les sections des différents sites.
Pour information, voici la liste des syndicats signataires d’accords NAO dans le Groupe en 2023 :

• CFE CGC : signataire de 16 accords
• FO : signataire de 6 accords
• CFDT : signataire de 13 accords
• UNSA : signataire de 3 accords
• CGT : signataire de 8 accords
• CFTC : signataire de 2 accords